La mort des comètes
Fragmentation

Que ce soit lors de leur premier passage au périhélie ou après des années d’érosion progressive, nombre de noyaux cométaires finissent par se fragmenter, car leur cohésion n’est pas ou n’est plus suffisante pour supporter les contraintes thermiques et gravitationnelles qui s’exercent au voisinage du Soleil.
Dans le cas des gros noyaux, quelques dizaines de kilomètres, la fragmentation peut laisser des morceaux importants qui formeront autant de nouvelles comètes lors de leur retour échelonné en fonction de leur masse ; c’est le cas, notamment, des comètes du groupe de Kreutz.
Quant aux plus petits noyaux et fragments, ils sont inéluctablement réduits à néant par le Soleil, ce qui donne lieu parfois à de fabuleux spectacles, comme sur ces images de la comète 73P Schwassmann-Wachmann 3, prises en avril 2006.
Survols et collisions

Certains noyaux, déstabilisés dans le nuage d’Oort par le passage d’une étoile à quelques années-lumière, tombent droit vers le Soleil et s’y perdent.
Pour les autres, la perte de masse lors de passages répétés au périhélie peut engendrer une modification de l’orbite qui amènera une rencontre trop rapprochée avec l’astre du jour. Les contraintes thermiques seront trop fortes et le noyau se brisera ; tous les fragments seront alors réduits à néant par l’énergie solaire ou le percuteront de plein fouet au passage suivant.
Depuis qu’ils disposent d’observatoires solaires spatiaux comme SOHO ou SDO, les astronomes ont observé des milliers de survols kamikazes ou d’ultimes plongeons cométaires.
La double images voisine montre la comète Lovejoy le 16 décembre 2011 lors de son survol rapproché du disque solaire observé par SDO. Elle semblait avoir survécu à son périhélie, mais elle s’est désintégrée quelques heures plus tard.
Impacts sur Jupiter

Deuxième corps le plus massif du Système solaire, Jupiter ne se contente pas de modifier les orbites des comètes qui s’approchent d’elle, elle peut aussi les capturer et les briser.
Le 24 mars 1993, Carolyn et Eugene Shoemaker découvrent avec David Levy une étrange comète juste à côté de Jupiter. Étrange, car elle se présente sous la forme d’une série de noyaux en enfilade. Les observations suivantes et les calculs permettent de prouver que la comète D/1993 F2 Shoemaker-Levy a été capturée par Jupiter et que son noyau s’est brisé lors d’un survol trop rapproché de la géante.
Le résultat impressionne la Terre entière : entre le 16 et le 22 juillet 1994, les vingt et un fragments de la comète percutent Jupiter, laissant des traces qui mettront des mois à s’effacer dans l’atmosphère jovienne. L’hypothèse du bombardement cométaire des planètes devient soudain encore plus crédible.
Impact sur la Terre

Le 30 juin 1908, c’est probablement un fragment de noyau cométaire qui se désintègre dans l’atmosphère au-dessus de la Sibérie, à 800 kilomètres au nord-ouest du lac Baïkal.
L’onde de choc de cette explosion titanesque ravage des milliers de kilomètres carrés de forêt dans une région totalement inhabitée.
Les chercheurs qui visitent la région quelques années plus tard ne découvrent aucun cratère, uniquement des arbres abattus à perte de vue.
Il est également possible que cette onde de choc ait été produite par la désintégration d’une météorite très massive, comme ce qui s’est produit le 15 février 2013 au-dessus de la ville de Tcheliabinsk (Russie), mais l’événement de la Toungouska avait une puissance très nettement supérieure.
L'origine de l'eau sur la Terre ?
Depuis que l’on connaît la composition des comètes et depuis que les hypothèses sur la formation du Système solaire incluent une période durant laquelle se serait produit un intense bombardement cométaire sur les planètes, nombre d’astronomes estiment qu’une portion non négligeable de l’eau présente sur Terre pourrait avoir été apportée par des noyaux cométaires.
Pour d’autres, la quantité d’eau contenue dans les matériaux qui se sont agrégés pour former notre planète serait amplement suffisante. Il est on ne peut plus probable que des comètes se sont abattues sur la Terre lors du premier milliard d’années du Système solaire, mais leur apport en eau et en d’autres matériaux, comme des molécules prébiotiques et des acides aminés, a-t-il été significatif ? Le débat reste ouvert !