11 Juillet 2014

Sous le vent du Soleil

Les apparences et les termes sont parfois trompeurs. Lorsque l’on regarde une comète avec sa chevelure et sa belle queue déployée en éventail, on pense instinctivement que la queue s’étire dans la direction opposée au mouvement. Dans notre expérience quotidienne, le milieu oppose toujours une résistance au déplacement : l’eau s’oppose au mouvement du bateau, faisant naître la vague de poupe, et le vent s’oppose au mouvement du cycliste, étirant son écharpe ou sa chevelure dans le sens contraire à son déplacement. Mais les comètes se déplacent dans le vide interplanétaire, dans lequel il n’y a aucune résistance. En fait, il faut plutôt s’imaginer qu’une comète ressemble à une flamme repoussée et ballottée par le vent solaire : la pression de radiation et le vent solaire s’éloignent toujours du Soleil et les queues cométaires font de même, que le noyau se rapproche ou s’éloigne de l’astre du jour. Ce comportement a été constaté au début du XVIe siècle par Peter Apian et Girolamo Fracastoro, et près d’un millénaire auparavant par des observateurs chinois, mais il n’a été expliqué que quelques siècles plus tard.

Automne 1532

Peter Apian, astronome et mathématicien allemand du XVIe siècle, a gravé sur bois les positions de la comète qu’il a observée entre octobre et novembre 1532.

Notant soigneusement son déplacement par rapport au Soleil, il met en évidence l’orientation de la queue, toujours à l’opposé du Soleil.

Cas d'école

Entre le 14 et le 17 décembre 2011, la comète C/2011 W3 Lovejoy a contourné le Soleil. Elle est passée suffisamment près de lui pour que les astronomes utilisent le coronographe LASCO C3 de la sonde SOHO pour suivre son évolution pratiquement en temps réel. Un coronographe permet en effet d’observer la périphérie du Soleil tout en cachant celui-ci derrière un disque pour ne pas être ébloui.

Sur le montage voisin, on voit bien que la queue a changé d’orientation, pivotant pratiquement de 300 degrés en moins de 72 heures pour demeurer opposée au Soleil.

Le noyau est passé si près du Soleil que sa queue a été entièrement soufflée, mais, pour une comète passant un peu plus loin, il est possible de voir la queue s’incurver fortement lors du virage périhélique.

Dans le cas de Lovejoy, la fragmentation du noyau peu après le périhélie a libéré suffisamment de gaz et de poussières pour créer rapidement deux nouvelles queues.

Vie et transformation d'une comète ...