11 Juillet 2014

Anatomie d'une comète

Les noyaux cométaires mesurent en moyenne de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres dans leur plus grande dimension.Ils sont trop petits pour être visibles au sein du gaz qui les enveloppe lorsqu’ils sont en pleine activité. Ces dernières années, les survols effectués par des sondes spatiales ont permis de connaître avec précision la forme et l’envergure de quelques noyaux : celui de la comète 1P Halley est oblong et mesure 15 sur 8 kilomètres ; 9P Tempel est plus arrondie et atteint 7,5 kilomètres de diamètre ; 19P Borrelly et 103P Hartley ressemblent à des cacahuètes de 8,7 kilomètres et 2 kilomètres de long ; 81P Wild est presque sphérique et approche 5,5 kilomètres de diamètre. Dans certains cas, on peut mesurer un diamètre par sondage radar, mais, le plus souvent, on n’obtient au mieux qu’une estimation. Pour la très grosse comète Hale-Bopp, les astronomes ont estimé que le noyau mesurait une cinquantaine de kilomètres de diamètre.

Noyau

Chevelure

Lorsque l’activité du noyau s’ébauche, le gaz et les particules libérés l’enrobent progressivement et forment une sorte d’atmosphère que l’on appelle la chevelure.

L’attraction gravitationnelle du noyau est tellement faible que cette atmosphère s’échappe dans l’espace et qu’elle doit être renouvelée en permanence. En général, la chevelure prend de l’ampleur lorsque la comète se situe à près de 3 ua du Soleil (450 millions de kilomètres), mais, pour certaines comètes, l’éveil est plus précoce.

Le diamètre de la chevelure peut atteindre des centaines de milliers de kilomètres. Il existe aussi une « atmosphère » d’hydrogène qui peut mesurer plusieurs millions de kilomètres de diamètre, mais elle n’est visible qu’en ultraviolet.

Front

Dans la direction du Soleil, les poussières de silicates relâchées par le noyau sont confrontées à la pression de radiation de la lumière solaire. Plus les poussières sont petites, plus elles sont sensibles à cette pression, que l’on peut se représenter en imaginant les chocs répétés des photons sur ces infimes grains.

Certains ingénieurs pensent que l’on pourrait utiliser cette pression de radiation de la lumière solaire pour exercer une poussée sur une grande voile spatiale et déplacer des sondes ou des vaisseaux : les comètes sont là pour nous prouver que cela fonctionne. Le côté de la chevelure faisant face au Soleil est toujours plus aplati et sa bordure est mieux définie.

Queue de poussière

À l’approche du Soleil, l’augmentation de la chaleur provoque une intensification du dégazage et l’action de la pression de radiation devient manifeste.

Elle provoque l’allongement de la chevelure et la formation d’une queue dont la dimension dépend de l’activité du noyau, mais qui peut atteindre des dizaines de millions de kilomètres.

En fonction de leur masse, les grains de silicates soufflés par le noyau gainent progressivement l’orbite de la comète en s’étalant, un peu comme un éventail qui s’ouvre.

Toutes ces particules réfléchissent l’éclat solaire et la queue de poussières apparaît donc blanche, voire légèrement jaune, matérialisant peu à peu la trajectoire du noyau sur la voûte céleste. Cependant, la forme et la dimension de cette queue dans le ciel de la Terre dépendent de la position de notre planète sur son orbite et de la géométrie de la rencontre.

Queue ionique

Quand la comète franchit l’orbite de Mars – 1,5 ua environ –, l’action du vent solaire s’ajoute à la pression de radiation. Ce vent de particules ionisées (protons et électrons), éjectées du Soleil à plusieurs centaines de kilomètres par seconde, entraîne avec lui les éléments gazeux ionisés de la chevelure. On voit alors se former une deuxième queue, généralement plus étroite et rectiligne que l’autre, qui se déploie toujours dans le prolongement de la ligne joignant le Soleil au noyau de la comète.

Cette queue apparaît d’un beau bleu électrique sur les photographies, car elle ne réfléchit pas l’éclat solaire, mais émet sa propre lumière sous l’effet de l’excitation de ses constituants par l’énergie du vent solaire. La queue ionique peut s’étendre sur des centaines de millions de kilomètres. Elle peut également être partiellement ou totalement balayée par une recrudescence soudaine du vent solaire, puis renaître rapidement.

Il est parfois possible de voir des sortes de nodules luminescents se déplacer au sein de la queue ionique en l’espace de quelques heures.

Sous le vent du Soleil ...