La course des comètes
Fidèle comme Halley

La comète de Halley repasse au périhélie tous les 76 ans, elle est donc classée parmi les comètes à courte période.
Des dizaines de comètes de cette famille repassent plus souvent, mais Halley est la seule qui est régulièrement visible sans peine à l’œil nu. Son passage de 1986 était l’un des moins favorables des deux derniers millénaires (pas de chance !), mais celui de 1910 était remarquable, tout comme la plupart de ses incursions précédentes, si bien que l’on en trouve des traces écrites, dessinées, peintes, gravées ou brodées tout au long de l’histoire.
L’une des scènes de la tapisserie de Bayeux la montre au-dessus du roi Harold à l’occasion de son superbe passage d’avril-mai 1066. Des hommes la montrent du doigt et la phrase brodée « Isti mirant stella » peut être traduite par « Ceux-ci regardent l’étoile avec étonnement ».
On la retrouve probablement aussi dans la chapelle Scrovegni à Padoue sur une fresque réalisée en 1304 par Giotto di Bondone, trois ans après le passage de 1301.
Jupiter, berger des comètes

Si le Soleil concentre à lui seul 99,8 % de la masse du Système solaire, Jupiter concentre, elle, près de 70 % de la masse restante.
Jupiter est une borne gravitationnelle majeure et son rôle dans le destin des comètes se révèle souvent prépondérant. Il existe une sorte de famille de comètes dont les orbites sont directement influencées par Jupiter.
Leur aphélie – le point le plus éloigné du Soleil – est toujours au niveau de l’orbite jovienne (5,2 ua) et leur périhélie se situe généralement entre l’orbite de la Terre et celle de Mars (1 à 1,5 ua).
Sous l’œil de SOHO

Grâce à l’observatoire solaire spatial SOHO, en orbite depuis le 2 décembre 1995, plusieurs milliers de petites comètes du groupe de Kreutz ont été découvertes.
Ces infimes fragments, quelques dizaines de mètres à peine, issus de la rupture du noyau initial, plongent dans le brasier solaire et y disparaissent.
Notez que ce sont principalement des amateurs qui découvrent ces mini-comètes en scrutant chaque jour les images diffusées librement sur le site web de la mission.
Les comètes de Kreutz

En septembre 1882, une comète exceptionnellement brillante est observée en plein jour. Son éclat est proche de la magnitude - 18, soit au moins 100 fois plus intense que celui de la Pleine Lune.
La forme de son orbite est calculée par l’astronome allemand Heinrich Carl Kreutz, qui trouve qu’elle est passée à seulement 0,007 ua du centre du Soleil au périhélie, soit à quelques centaines de milliers de kilomètres à peine des couches externes de notre étoile.
Les comètes Du Toit (décembre 1945), Pereyra (août 1963), Ikeya-Seki (octobre 1965) et Lovejoy (décembre 2011) ont suivi pratiquement la même orbite. D’après les astronomes, ces comètes seraient issues de la fragmentation d’un noyau exceptionnellement gros, plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre, lors de son périhélie, il y a plus de deux millénaires.