11 Juillet 2014

D’où viennent les comètes ?

Comme les éclipses de Soleil et de Lune, les comètes ont toujours troublé les hommes. Aussi loin que remontent les traces écrites de notre passé, ces phénomènes célestes ont été signalés et interprétés. Mais, si les cycles qui régissent le retour des éclipses ont été décryptés il y a plusieurs millénaires, il a fallu attendre une époque bien plus récente pour que les comètes trouvent leur juste place dans le ciel. Aux époques antiques, elles étaient considérées par la majorité comme des phénomènes atmosphériques, des sortes de nuages qui réfléchissaient l’éclat solaire ou qui s’enflammaient et se déplaçaient au gré des vents. Quatre siècles avant JC, Aristote défend cette hypothèse, et son opinion s’imposera jusqu’à la Renaissance dans les milieux savants – même si, dès le Ier siècle après JC, Sénèque place les comètes parmi les astres et imagine qu’il sera un jour possible de comprendre leurs cycles et de prévoir leurs retours (Questions naturelles, livre VII). Mais Sénèque était un visionnaire et il faudra plus d’un millénaire et demi pour que la méthode scientifique s’impose et prouve qu’il avait raison et qu’Aristote se trompait.

Tycho Brahe

Au XVe siècle, l’astronome allemand Regiomontanus éloigne les comètes de la Terre en mesurant la parallaxe de celle de 1456 et en estimant qu’elle se situe à un sixième de la distance de la Lune.

Mais c’est le Danois Tycho Brahe qui, au XVIe siècle, porte l’estocade finale à Aristote en calculant, après des observations visuelles très précises de sa parallaxe, que la comète de 1577 se déplace à plus de 6 fois la distance Terre-Lune.

La comète d’Edmund Halley

En 1656, moins d’un siècle après les observations de Tycho Brahe, naît l’Anglais Edmund Halley. C’est lui qui confirme la vision de Sénèque en prouvant que certaines comètes reviennent périodiquement se chauffer à l’âtre solaire. S’appuyant sur les travaux d’illustres prédécesseurs (Copernic, Galilée, Kepler) et de ses contemporains (Flamsteed, Hooke, Newton), il calcule les orbites de plusieurs dizaines de comètes et remarque des similitudes dans les paramètres orbitaux de certaines.

Pour lui, les comètes observées en 1531, 1607 et 1682 sont en fait trois passages successifs d’un seul et même astre qui, annonce-t-il, reviendra vers l’année 1758. Edmund Halley meurt en 1742, avant d’avoir confirmation du retour de « sa » comète, mais elle est bien redécouverte le 25 décembre 1758 : celle que l’on appelle à présent 1P Halley, car il s’agit de la première comète périodique identifiée, revient fidèlement vers le Soleil tous les 76 ans (prochain passage en 2061).

Le nuage de Jan Oort

Après l’avancée d’Edmund Halley, il faut plus de deux siècles et la découverte de nombreuses comètes, périodiques ou non, pour que la lente maturation des idées scientifiques et l’étude des orbites de tous ces corps amènent l’astronome néerlandais Jan Oort à formuler une nouvelle hypothèse : les comètes proviendraient toutes d’un gigantesque halo centré sur le Soleil, comme une épaisse coquille de plus de 40 000 unités astronomiques de rayon qui contiendrait des milliards de noyaux cométaires.

Proposée dans un article publié le 13 janvier 1950, l’hypothèse du nuage d’Oort est celle qui prévaut aujourd’hui.