12 Août 2015

Rosetta, plus d’une année autour d’une comète

Le 13 août 2015, la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko passe au plus près du Soleil (périhélie) sur son orbite elliptique. Depuis le 6 août 2014, elle est accompagnée de la sonde Rosetta et, depuis le 12 novembre 2014, elle accueille à sa surface l’atterrisseur Philae.

La sonde européenne Rosetta accompagne la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko sur son orbite autour du Soleil depuis le 6 août 2014. Ces 2 corps, l’un artificiel et l’autre naturel, filent dans l’espace à près de 120 000 km/h et ils passent actuellement au plus près de notre étoile – le périhélie –, à 186 millions de km de distance. Rosetta et sa comète sont à 265 millions de km de la Terre, ce qui correspond à un délai de communication de 14 min et 44 sec.

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Les principales étapes de la mission Rosetta. Crédits : ESA.

À l’occasion du périhélie, l’ESA a diffuse une infographie qui récapitule les principales étapes de la mission Rosetta depuis le printemps 2014. Quelques semaines après sa sortie d’hibernation, Rosetta a réalisé une image de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko alors qu’elle n’était encore qu’un petit point perdu dans l’immensité du cosmos étoilé. Il a fallu attendre la fin du mois de juin 2014 pour que le noyau commence à occuper plusieurs pixels sur le capteur de la caméra OSIRIS-NAC et, le 14 juillet 2014, sa forme extraordinaire, bilobée, a été révélée. Le 6 août, moins d’un mois plus tard, Rosetta se plaçait sur une trajectoire d’accompagnement de la comète et les 1eres images à haute résolution de la surface chaotique du noyau envahissaient les écrans du monde entier.

Selfie de rosetta

Le portrait du noyau réalisé en octobre 2014 par une des caméras CIVA installées sur Philae alors que l’atterrisseur était encore accroché à l’orbiteur permettait d’imaginer le grand saut à venir et, le 12 novembre 2014, après une arrivée à rebondissements, le sol de la comète est apparu sous Philae. Après une 1ere phase qui a duré une soixantaine d’heures, la mission scientifique des instruments de Philae a été interrompue faute d’énergie. Le contact a été rétabli brièvement à plusieurs reprises depuis le mois de juin 2015, mais sans qu’il soit possible jusqu’à présent de reprendre des activités scientifiques.

Crédits : ESA/Rosetta/Philae/CIVA.


En parallèle, la mission des instruments installés sur l’orbiteur s’est poursuivie sans encombre ou presque. Jamais un noyau cométaire n’a été observé aussi longtemps d’aussi près lors de l’accroissement de son activité à l’approche du Soleil.

Les articles déjà publiés dans les revues scientifiques ne concernent pratiquement tous que les 1ers mois d’accompagnement du noyau et la mission de Philae ; ils seront suivis par des dizaines d’autres dans les mois et les années à venir tant la richesse des données collectées est grande. D’autant plus que cette collecte devrait se prolonger encore plus d’une année !

67P/Churyumov-Gerasimenko circule à présent entre les orbites de Mars et de la Terre, à un peu moins de 186 millions de km du Soleil. Le dégazage du noyau approche de son maximum, lequel se produit généralement après le périhélie, et l’orbiteur a été éloigné à 300 km environ pour que les poussières ne perturbent pas ses senseurs stellaires qui permettent de maintenir son attitude.

L'orbiteur précipité sur la comète en 2016

Durant les prochains mois, il devrait se rapprocher pour tenter de rétablir le contact avec Philae avant que celui-ci ne reçoive plus suffisamment d’énergie solaire pour fonctionner et communiquer. Une « sortie » jusqu’à plus de 1 000 km du noyau est également au programme, afin d’aller analyser les constituants de la queue de la comète tant que celle-ci est encore dense et bien formée.

Au mois de novembre 2015, un an après l’atterrissage de Philae, le noyau repassera au-delà de l’orbite de Mars et, en septembre 2016, il se sera déjà bien rapproché de l’orbite de Jupiter. Lors des 3 derniers mois de la mission, de juillet à septembre normalement, Rosetta descendra progressivement vers la surface en décrivant une spirale de plus en plus serrée qui permettra aux instruments de bénéficier de conditions inégalées pour leur moisson d’images et de données. Durant l’automne 2016, l’orbiteur devrait terminer son extraordinaire mission en s’échouant sur le noyau.


Noyau de 67P le 20 mars 2015 (7,1 m/px à 83,7 km de distance). Crédits :  ESA/Rosetta/Navcam – CC BY-SA IGO 3.0.

Noyau de 67P le 4 mai 2015 (12,6 m/px à 148 km de distance). Crédits :  ESA/Rosetta/Navcam – CC BY-SA IGO 3.0.

Noyau de 67P le 22 janvier 2015 (2,4 m/px à 27,9 km de distance). Crédits :  ESA/Rosetta/Navcam – CC BY-SA IGO 3.0.

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta est la 1ere mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.